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À 79 ANS, MARIO LANDREVILLE SE DIT GÂTÉ PAR LA VIE


Article par Daniel Lequin

Mario Landreville a fêté ses 79 ans le 12 mai dernier. Il court encore. Impressionnant.

Natif de Mont-Joli, il traîne toute une histoire derrière lui. Il en est fier.

Talentueux gardien de but à l’âge de 14 ans, son talent attire l’attention. Les As de Québec de Floyd Curry et Paul Dumont lui font même de l’œil. Muni d’une simple valise, il quitte sa ville natale pour prendre le train en direction de Québec. Deux ans plus tard, il rentre à la maison, rongé par l’ennui comme plusieurs de son époque qui s’éloignait de la maison.

Il fait du sport jusqu’à 20 ans mais le délaissera par la suite dû aux circonstances de la vie. Vingt ans plus tard, avec un poids de 172 lb et aux prises avec de l’asthme, « je ne me voyais plus pisser », dit-il à la blague.

Né d’une grande famille de boulangers, il veut poursuivre la tradition.

Il faudra attendre jusqu’à l’âge de 42 ans pour qu’il découvre la course à pied. Un premier marathon en 1990, celui d’Ottawa. « Lorsque je suis arrivé, les organisateurs ramassaient les clôtures ! Je m’étais dit : « Plus jamais. » Six mois plus tard, il revient à la charge. « La folie, les défis personnels, je n’ai jamais compris. On dit que l’ambition tue son homme mais il faut croire que ce dicton ne s’applique pas pour moi. »

 

GÂTÉ PAR LA VIE

En 2024, il est guidé par un entraîneur (Sylvain Bibeau) et une masseuse, Amélie Dionne. Il court cinq fois par semaine et tente de participer à une course à chaque week-end. Avec trois présences aux Jeux Américains, il se prépare pour les Jeux du Canada en août à Québec des les distances de 100 mètres, 5 et 10 km.

« Je me trouve gâté par la vie ». Mario a conservé son emploi jusqu’à l’âge de 75 ans et n’eut été de la pandémie, il travaillerait encore. « On m’a forcé à prendre ma retraite dans le monde de la boulangerie. Mon père m’a toujours dit : On excelle dans ce que l’on connaît le plus ! »

Connaissez-vous Huguette ? Mario est marié depuis 54 ans avec cette grande dame. Elle vient du Nouveau-Brunswick. Leur rencontre, c’est une longue histoire. « Elle avait 21 ans lorsqu’elle est arrivée à Mont-Joli et on s’est marié à 27 ans. Nous avons eu un fils, David, qui conduit des camions et qui n’est pas du tout un sportif ».

Laissant de côté son amour pour la course à pied, Mario tenait absolument à nous parler de son implication avec Haïti, démontrant hors de tout doute son grand cœur. Tout a débuté après le gros tremblement de terre. « Ils recrutaient des travailleurs à Port-au-Prince en boulangerie et j’ai décidé que je devais faire ma part. J’y ai donc passé six mois en 2011. Puis, on voulait que j’y retourne. J’ai dû décliner l’invitation à quelques reprises. »

 

 

 

 

 

SŒUR BENOIT

Jusqu’au jour où sœur Benoit de la Communauté Christ-Roi est apparue. « Elle voulait que j’aide une famille de 15 enfants. Ce fut alors le début d’une longue aventure qui perdure encore aujourd’hui. »

Avec l’aide de nombreuses contributions dont il prenait la peine d’entreprendre des démarches, Mario est arrivé à réaliser plusieurs projets là-bas, dortoirs, boulangeries, école, etc. Il estime avoir amassé plus de 400,000$ en quêtant ici et là. « J’ai mis littéralement ma tête sur le billot et je n’ai jamais eu peur des répercussions. Je voyais la souffrance, je la vivais et je ne pouvais rester indifférent. Les gens veulent voir des réalisations. J’ai fait confiance à des religieuses et je ne l’ai jamais regretté à ce jour ».

Avec Simon Durivage à titre d’ambassadeur, ce projet est même doté d’une charte, ce qui coûte au moins 130,000$ à administrer par année. « De fil en aiguille, on est parvenu à construire un beau réseau qui fonctionne à merveille et qui contribue au bonheur de la communauté Haïtienne.»

 

SA ROUTINE

Courir lui procure toute l’énergie dont il a besoin.

« Je possède la même routine depuis des années. Je m’entraîne le matin et je vais à la pêche par la suite. Je participe à environ 25 événements par année et le prochain sera mon 339e à vie. J’ai couru 37 marathons et 100 km à deux reprises. Mon meilleur temps sur marathon fut de 3h28 et je m’étais classé pour Boston. Je n’ai jamais couru un marathon au dessus des quatre heures. Je pense détenir une bonne hygiène de vie. Je n’ai jamais fumé et pris de boisson. »

Le plus important est sa vie de couple ou les deux personnes respectent leur liberté personnelle, évitant tout stress et anicroches. Le bonheur total se reflète dans l’ensemble de la vie de Mario Landreville, un être d’exception sur de multiples facettes de la vie.